Professeur à Harvard : Nous avons déjà la technologie qui permet de 'crire' sur le cerveau.
Toledo, 1 oct (EFE). - Le professeur de neurologie à l'Université de Harvard (États-Unis) Álvaro Pascual-Leone affirme qu'il existe déjà une technologie capable de "lire" et de "modifier" l'activité du cerveau, au point d' 'écrire' sur lui, ce qui est "une raison d'espoir" mais aussi "un risque qui nécessite un débat éthique". Il a déclaré cela aux médias lors de sa participation à une rencontre scientifique sur la neurotechnologie et la santé cérébrale organisée au Cigarral de Menores de Toledo par la Fondation Ortega-Marañón, à laquelle ont assisté une trentaine d'experts de ce domaine et où Pascual-Leone, qui dirige également le Guttmann Brain Health Institute, a été l'invité vedette. Pascual-Leone (Valence, 1961) a affirmé qu'il existe déjà "différentes façons de pouvoir 'écrire' sur le cerveau", certaines "invasives", comme "mettre des électrodes à des points précis", et d'autres "non invasives", qui interviennent sur l'activité cérébrale "en utilisant de la lumière, des ultrasons ou des techniques électromagnétiques". Il y a également des techniques de "neuroimagerie", "électrophysiologiques" ou "de modulation de l'activité cérébrale" qui sont déjà "approuvées pour certaines indications concrètes : pour la dépression, les problèmes cognitifs, les troubles obsessifs, l'impulsivité, les addictions...". "En même temps, nous avons également la capacité de capter l'activité de mon cerveau et d'utiliser l'intelligence artificielle pour décoder cette information et apprendre des choses sur moi que, littéralement, je ne sais même pas", a-t-il ajouté. Tout cela "est une raison d'espoir pour tous les malades souffrant de maladies neurologiques et psychiatriques", mais en même temps, cela exige "un débat éthique sur ce que nous voulons vraiment être capables de modifier chez les êtres humains, ce que nous devons poser comme question ou ce que nous ne devons même pas essayer", selon le neurologue, qui constate "un besoin de redéfinir les droits de chacun d'entre nous en ce qui concerne l'utilisation de ces technologies". Pascual-Leone a souligné que "les maladies du cerveau sont la première cause de handicap à l'échelle mondiale, plus que le cancer et les maladies cardiovasculaires réunies", ce qui rend nécessaire de promouvoir "la santé cérébrale tout au long de la vie", afin de "réduire le risque individuel de ces maladies". Certaines des précautions que l'on peut prendre, selon le neurologue, "sont les choses que nos grands-parents nous disaient : bien dormir, bien manger, faire de l'exercice, entretenir des relations sociales, maintenir un but dans la vie...". Mais les avancées technologiques ouvrent de nouvelles portes. "Nous devons pouvoir avoir un indice qui nous dise à quel point mon cerveau est sain en ce moment, à quel point le risque d'avoir des problèmes est élevé", a-t-il noté, ajoutant que "l'intelligence artificielle" et "le traitement des données" permettent déjà "d'entrevoir des façons de le faire". Ce sont des processus, prévient le neurologue, plus proches de ce que l'on pourrait penser : "Nous ne sommes pas conscients que, lorsque nous utilisons un téléphone mobile ou portons une montre intelligente, cela capte l'activité sur comment je fonctionne dans ma vie quotidienne, ce qui peut donner des indices sur mon risque de maladie". "Je pense qu'il est important de faire une éducation publique sur ce type de technologies, leurs possibilités d'aide et leurs risques", a conclu Pascual-Leone. EFE